Avec les fées.
de Sylvain Tesson
Ah Sylvain Tesson ! en voilà un beau sujet de polémique. Sulfureux, paraît-il ! cela va me permettre d’éclaircir de manière plus ou moins définitive, cette fabuleuse question entre faire la différence entre l’homme et son œuvre.
Pour essayer de faire court, et en résumé, je reconnais que malgré ce que j’apprends de la personnalité Depardieu, je conserve l’admiration que j’ai eu pour l’acteur depuis le film “1900 “ jusqu’à “Cyrano de Bergerac“. Je continue de reconnaître et d’avouer avoir eu un certain plaisir à lire “l’alchimiste“, malgré ce que j’ai pu apprendre des opinions de son écrivain. Paolo Coelho. J’avoue avoir aimé un très grand nombre de films de Roman Polanski avec qui j’ai travaillé et chez qui je n’avais décela aucun signe de maltraitance à mon égard, ni à l’égard de ses collaboratrices (1979), avoir donc continuer à adorer quasiment toute sa filmographie. Et cela inclus évidemment l’habituel débat sur Céline, entre l’homme qui a écris les pires horreurs antisémites et la dimension de son chef-d’œuvre “Voyage au bout de la nuit.“ POINT.
Sylvain Tesson a donc été sous le feu d’une polémique concernant son parrainage du Printemps des poètes été accusé, soit d’être d’extrême droite, soit de lien avec l’extrême droite. Qu’en est-il de ses écrits ? Je le reconnais il y a dans chacun de ses livres que j’ai pu lire des passages, des pages, dans lesquelles je suis en désaccord ou en tout cas pas sur la même longueur d’onde. Il s’agit pour la plupart de références à la chrétienté., à Dieu et quelques autres propos sur lesquels soit j’ai de la distance soit je suis en désaccord. Assez bizarrement cela ne nuit pas au plaisir que j’ai à lire les livres que sont : “Dans les forêts de Sibérie“, “ Blanc“, “Bérézina“, “Avec les fées“. J’apprécie son écriture, son style. J’adore la poésie qui se dégage de ses propos et de ses écrits plutôt et le fait qu’il soit “incorrect“ politiquement ou autre ne change rien. J’ai eu avec un autre écrivain que j’adore Christian, Bobin, écrivain et poète, ce même genre de soucis (à des moments plus rares, je l’avoue) de distance par rapport à des références chrétiennes qui ne sont pas les miennes. Cela ne m’a pas empêché d’adorer ces écrits.
“Avec les fées“ m’embarque sur les côtes bretonnes, anglaises, irlandaises, écossaises, galloises et je suis resté bercé, par le rythme de la mer et le rythme des mots… Le passage sur la révolution française et sur son regret de la fin de la royauté au moment du décès de la reine d’Angleterre, je ne le partage pas. Effectivement cela ne correspond pas à ma lecture de l’histoire, voir même à ma conviction politique. Il n’en demeure pas moins, que le rapprochement entre notre situation politique actuel et notre histoire vis-à-vis de la royauté, du royalisme, de l’aristocratie, de la transmission par les élites du pouvoir, n’est pas inintéressante. Et finalement pas si inintéressant non plus de remettre la Terreur lors de la révolution française, dans la liste des cauchemars que toute société serait en droit de vouloir éviter… En l’occurrence, une foule haineuse qui réclame du sang et une lame de rasoir qui toutes les 10 minutes coupent les têtes de tous ceux qu’on a dénoncé comme ennemi. Il est vrai que je ne m’attendais pas au détour d’un livre de navigation, après avoir navigué entre les sorcières et les symbole celtes, à me retrouver avec cette page de l’histoire et cette réflexion.
Mais finalement cela fait bien longtemps que j’ai compris que je n’étais entièrement d’accord avec personne, et que si je ne discutais qu’avec les gens avec qui je suis entièrement d’accord, ou que je ne lisais que ces personnes-là je n’aurai de contact avec personne. Voir même si l’objectif est d’exclure tous les gens avec qui on a des points de vue différents cela limiterait énormément mes choix en librairie. Certes, ce n’est pas une raison pour lire Mein Kampf ou le dernier bouquin de Bardella, j’en conviens. Mais j’assume mes différences de points de vue avec cet écrivain talentueux. Et compte bien n’être associer à aucune chasse aux sorcières quelle qu’elle soit. Nos amies les sorcières, ayant fait les frais dramatiques de cette expression, puis les épris de la liberté, les ayant fait aussi aux États-Unis, pendant près de 40 ans.
C’était juste pour vous dire que j’ai beaucoup aimé “avec Les Fées “.
Ce qui n’empêche en rien, bien évidemment, que les personnes qu’elles soient écrivains, comédiens, réalisateurs, en fait quelques soient leurs métiers, soit poursuivis et condamnés pour tout acte délictueux.
a propos de revolution française Mona Ozouf dans composition française montre la disparition
des identités régionales et de leur langues et particulierement bretonnes par la volonté en temps violent d unifier !cette académicienne a la prose éclairée parle a travers son enfance de l importance de l école de la république et de sa découverte de la litterature tout en « baignant »dans la culture bzh!
Aimé aussi marc dugain lemaitre,russel bank recemment
et plus jeune faulkner, steinbeck, romain gary, céline ,manchette etc etc
lire lire lire !
merci beaucoup Franck pour tous ces conseils ! tu me l’avais déjà dit maios je vais m’attaquer à Composition française promis !
J’aime toujours beaucoup tes analyses et tes ressentis et m’étonnes souvent d’être complètement d’accord avec toi 😉😊
Je vais lire « Avec les fées » car c’est mon univers celtique et que je suis et reste une sorcière bretonne de par ma grand mère ☺️
Bisous Laurent et il faut vraiment que Ya et moi venions te voir en Corse…
avec grand plaisir ! 🙂
Je ne sais pas pourquoi j’ai mis un S À m’étonne(s) 🤔
Comment ne pas aimer Sylvain Tesson en effet ? Il est brillant, son style est terriblement séduisant, et puis quelle culture ! Il nous emmène sur des destinations toujours plus inattendues, surprenantes. La dernière en date pour moi qui me suis amusé à le suivre pas à pas sur Google Earth comme pour « Avec les Fées », est « Eloge de l’énergie vagabonde ». On longe avec lui… un Pipe Line ! Celui qui entre autres nous alimente en gaz (ou pétrole, je sais plus). On traverse des pays où l’on (les touristes) ne va jamais, Turkménistan, Ouzbékistan, Géorgie, etc… Et on réfléchit à ce que signifie ce tube de métal hautement stratégique pour nos vies si dépendantes de lui. Réjouissant ! La aussi la gauche bien pensante en prend plein les dents… Faut lire pour comprendre.
Et puis, puisque tu nous invites à citer nos lectures récentes préférées, j’ai envie de citer « Amok » de Stefan Sweig. C’est formidablement puissant ! En plus je me suis reconnu un peu dans le personnage. Qui n’a pas eu de remords après une crise d’orgueil ? Remords à rendre fou ! A lire absolument ! En une heure !
Et dans un tout autre genre, pour coller à l’actualité, « Notre Dame de Paris » de VH. Comme les « Misérables », c’est là aussi un sacré pavé. Mais c’est tellement foisonnant, tellement bien écrit (VH quand même !), que la lecture vous semble facile, couler comme de l’eau. Un Paris du XIII ème siècle que l’on découvre et qui fait rêver autant que nous effrayer. Un monument littéraire qu’il faut avoir lu et surtout n’écoutez pas ceux qui vous disent que c’est idiot de perdre son temps avec des pavés aussi énormes et donc aussi ennuyeux. Avec les Misérables j’ai pu traverser un été torride et maintenant avec Notre Dame je traverse un hiver poussif et ‘toussif’, cloué au canapé dans un duvet. Repas, lecture, dodo… et rebelote. Pas si mal au fond !
A propos, Laurent, s’il te venait à l’esprit d’animer un ‘Atelier d’Ecriture’, ou même un Atelier de Lecture, moi je serais immédiatement partant.
Petit bémol concernant ‘Avec les Fées’ : je trouve le titre du livre trop accrocheur et un peu sans rapport avec le texte. Je m’attendais à trouver des fées partout comme dans la culture celtique. Elles sont selon ST dans nos éblouissements simples de tous les jours. Les fées sont en nous, on les voit parce qu’on a gardé le sens de l’émerveillement. D’accord là dessus bien sûr. Mais franchement le livre, aussi brillant soit-il, ne m’a pas fait rêver. C’est davantage un précis d’histoire et de géographie que de philosophie. Dommage parce que Sylvain Tesson est résolument un philosophe, peut-être malgré lui d’ailleurs.
Et qu’importe ses propos devant les médias avec lesquels il s’amuse à la manière d’un Fabrice Luchini qui s’affiche clairement à droite et ça nous empêche pas de l’aimer aussi.