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Coup sur coup , j’ai vu une pièce de théâtre « On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie »
Un film « une si précieuse marchandise » et j’ai attaqué un livre prêté par mon fils: « La carte postale ».
Fruit du hasard ? Ils ont tous un point commun : ils évoquent tous la Shoah.
Signe des temps ? Le génocide en cours au Moyen Orient, la montée de l’extrême droite et ses idées d’exclusion , la montée d’un islamisme radical et d’un antisémitisme ancestral, ont mis « les juifs » et la Shoah au milieu des débats . On s’en serait bien passé à bien des égards. Le souvenir de temps pas si anciens ne laisse augurer rien de bon .
Pour ce qui est du travail d’ Eric Feldman dans sa pièce « on ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie » il faut saluer un magnifique travail d’équilibriste, entre humour et tragique, entre grande et petite histoire. Comme dans son genre « La vie est belle » l’avait réussie , Eric Feldman sait parfaitement rester sur ce il étroit et casse gueule du traitement des souvenirs de la Shoah vues dans une famille polonaise avec humour, distance et proximité, émotion, tendresse. S’il passe à votre porte , vous savez ce qu’il vous reste faire.
Pour ce qui est du dessin animé réalisé par Michel Hazanavicius, je suis beaucoup plus réservé … Le conte est beau , le dessin et l’ animation magnifiques, la voix de Jean Louis Trintignant envoutante. Mais voilà , comme déjà évoqué certainement autour d’autres oeuvres cinématographiques, à trop vouloir montrer, démontrer, on détruit ce que l’art est capable de créer dans l’émotion, le ressenti. La représentation directe de l’horreur ne lui donne pas une puissance plus forte bien au contraire. L’insistance, la répétition, la lourdeur viennent au détriment de l’histoire, de sa violence interne, de l’évocation d’une époque. Une démonstration de force en quelque sorte alors que l’évocation fine, ou plus ou moins fine comme les battements de coeur dans les troncs d’arbre, apportent tellement plus .
Quand au livre de Anne Berest, et bien je suis dedans… Comme pour la pièce de Feldman, il est de toute évidence douloureux de revivre la vie de ses propres grands-parents, et de redécouvrir des éléments fondateurs de sa propre personnalité. Il y a par exemple la puissance des deuxième prénoms qui peuvent impacter des caractères. Le mien est celui de mon grand père, Mathieu, pour lequel je suis en train d’entreprendre un voyage en Pologne dont je vous reparlerais . Un voyage sur les lieux de sa naissance et de sa mort dans les camps. Un voyage autour de la mémoire, de l’attente , de la douleur.
Une douleur dédoublée, celle d’assister horrifié à un génocide ethnique orchestré par ceux là même qui en furent victimes 70 ans plus tôt .