À la fin des années 70 je m’installais sur l’ile de Noirmoutier et découvrais aussi bien l’univers des marais salants que la voile. Je me liais d’amitié avec trois personnes, Polo, Etienne, et Jean Christophe,, tous trois à l ‘époque moniteur de voile au Fort Saint Pierre dans le bois de la Chaise.  On était jeunes et beaux, on avait une vingtaine d’années et la vie devant nous ! Polo avait une jument, Quetzal puis une ânesse, Musique. En quelques années il créa la Maison de l’âne à la sortie du Gois à Beauvoir sur Mer, fit découvrir la magie de cet animal à des milliers de personnes, développa un élevage de toutes les races d’ânes mais aussi de vaches, aurochs, cochons, briquettes et animaux de basse cour. Aujourd’hui il a pris un ris mais pas une ride, a vendu la maison de l’âne à des repreneurs soucieux de garder la qualité du projet mais garde dans sa ferme de la Barre de Monts une vingtaine de bêtes aux petits soins. Etienne, lui, ((j’en avais déjà parlé lors de son arrivée à Egine sur Tamarone http://www.grainsdesable.org/2023/06/18/egine-etienne/) après la voile s’est occupé du vieux port de Noirmoutier et a aussi développé son talent de chanteur et d’accordéoniste. Le voilà maintenant cavalant aux quatre coins de la Vendée voire au-delà, animer  bals traditionnels  et fêtes diverses. Le troisième Jean Christophe, croisa la route dès les années 80 du bateau Patria’ch, magnifique voilier en acier sur lequel il embarqua durant des années. A part la navigation hauturière, JC apprit beaucoup la mécanique, la bricole, la réparation, la démerde quoi. Une fois revenu à terre, il s’installa avec sa femme Brigitte dite Bibi à la Gaude, dans l’arrière pays niçois. Là il construisit un bateau à fond transparent avec une équipe de bricoleurs puis devint jusqu’à aujourd’hui installateur-réparateur de moulins à huile d’olive sur toute la cote méditerranéenne.

Ce petit résumé pour dire qu’après 40 ans cette petite  bande resta amis. Pourquoi rappeler tout ça ? Simplement parce qu’avec de nouveaux gros soucis de moteur, le fameux Jean Christophe a débarqué à la rescousse avec  Bibi, l’un de ses enfants Antoine, et a pris en main de maitre la réparation. En résumé , après avoir quasiment tout changé sur le moteur au mois d’aout à Zakintos, ( pour une fortune) le moteur a lâché au port de Macinaggio en décembre : mort . De l’eau semble être rentré dans les culasses, tout est tordu, rouillé, foutu. Seule solution, retrouver un moteur identique d’occasion et le remplacer. Apres des mois de recherche j’en ai trouvé un au Danemark et la boite sérieuse promet son arrivée en dix jours. Reste à trouver la personne pour virer le vieux et mettre le nouveau . Autant vous dire que déjà en Corse, les mécaniciens sont débordés, mais à Macinaggio où il n’y en a qu’un … c’est très compliqué. C’est là que le fameux Jean Christophe se propose de venir en famille, quasi  « en vacances » s’occuper du chantier. Une certaine sensation du coup,  du bonheur de ne pas se sentir seul, d’avoir des vieux amis, du temps qui passe mais n’altère pas tout . Et tout se passa comme prévu, arrivée le samedi soir, le dimanche le vieux moteur était sorti sur le quai avec l’aide uniquement de la bôme, le lundi le nouveau était à sa place et le mardi il démarrait . Pour un handicapé de ma sorte cela tient du miracle, pour Jean Christophe …? Un genre de routine, du type changer une roue de vélo, une blague. Comme quoi de stress sont mal répartis entre les hommes. A noter l’efficacité d’Antoine, le fils de trente ans, 1m90, balaise et malin et aussi et surtout Bibi, venue en vacances et qui a préparé toute l’intendance, des repas, tout ce soutien moral et matériel qui te fait croire malgré le mauvais temps qu’il fait beau .

Moteur réparé, le bateau est prêt à la vente comme prévu, même s’il me reste à le sortir de l’eau pour pouvoir faire des petites réparations sur la coque  avec un autre ami Jérôme. Vus les tarifs pratiqués en Corse, la logique veut qu’au mois de juin je quitte Macinaggio pour rejoindre Port Saint Louis du Rhône où les places sont moins chères et où je trouverais certainement un courtier pour s’occuper de la vente . Et arrêter là les frais ! 😀