» ÇA »


Société / vendredi, janvier 12th, 2024

A la sortie des camps de concentration des millions de voix dont celles de mes parents s’élevaient pour crier «  Plus jamais ça! »

Il semble que près de 80 ans plus tard ces voeux ont été oubliés et que la machine à détruire soit de nouveau prête à tuer. Soit qu’une amnésie profonde est frappée l’humanité, soit à cause d’une forme inéluctable de cycles à laquelle il est impossible d’échapper. Ou alors peut être cela vient-il que nous n’ayons pas entendu ou compris le « ça » de la même manière, pas mis le même sens dans ces deux lettres ? Pour beaucoup, et pour moi, il s’agissait de la barbarie, du fascisme, de la peste brune, du racisme, de l’antisémitisme. Il semble que pour d’autres en fait, il s’agissait plus simplement de ne plus être dans le rôle de victime, de ne plus se laisser opprimé, détruire, exterminé. Et dans une vision binaire du monde, soit victime soit bourreau , il était préférable d’être du bon côté du manche pour que « ça » ne se reproduise plus . Quitte à recréer une autre barbarie. Comment du drame de la Shoah à l’extermination de masse d’un peuple à Gaza, l’humain peut il à ce point échapper à sa propre morale, à sa propre histoire, à son humanité. Comment l’expliquer, l’entrevoir ? Certes, les mécanismes de domination, de colonisation, de profit , explique beaucoup de l’inhumanité des actes. Mais comment dans ce cas précis et sur un laps de temps si court finalement, peut on passer de victime à bourreau. A moins que les phénomènes d’amnésie, largement applicables au reste du monde pour la montée de l’extrême droite ne s’appliquent aussi ici. Et que le ciment de ces phénomènes ne soit, ici comme ailleurs,  la patiente construction de la peur comme base du contrat citoyen ? Peur de l’autre, peur de l’étranger, peur du juif ou du musulman, peur du chinois, du russe, de l’américain, peur du futur. Et face à ces peurs construites de toutes parts, il semble que le meilleur moyen qu’ai inventé l’humain pour les combattre soit la destruction  de l’autre, son rejet ou son extermination. Il apparait de plus en plus urgent en tout cas de redéfinir ce que nous entendons par « ça » et de nous rassembler d’une manière ou d’une autre pour l’empêcher. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *