TRAPANI


Société, voyage tamarone / dimanche, août 20th, 2023

TRAPANI

Après les belles journées de navigation avec Cécile entre Palerme et Mazara del vallo, j’ai donc tâté de la navigation en solitaire autour des iles Egadi. Techniquement sans problème, mais en terme de plaisir, ma foi, ce vieux rêve réalisé,  laisse un goût de plaisir non partagé.

Les iles Egadi sont belles, mais la sur-fréquentation d’aout est bien là: :vedettes avec haut parleurs, zodiacs, foule donc roulis permanent au mouillage. Ou aller au mois d’aout ? Chez soi je crois.  Au moins cela m’aura permis de faire la rencontre d’un septuagénaire solitaire marseillais en route pour la Sardaigne, Gilles, qui a vécu longtemps en Italie, et qui s’en retourne via la Sardaigne à Marseille. On passera deux soirées ensemble à bord, il m’emmènera à terre vu la panne de mon moteur d’annexe, et nous tirerons quelques bords côte à côte qui nous permettront d’avoir des photos de nos bateaux sous voile.

Il m’accompagne jusqu’à Trapani, où je sors le bateau de l’eau . Pause de plus d’un mois, me permettant de visiter le coin et aussi l’Etna. Je passe ainsi de paysages de petites iles siciliennes, au quai ou des mega cargos se déchargent jour et nuit.

A Trapani, il y a deux  pôles attractifs . Un funiculaire qui vous emmène sur la colline au village médiéval de Erice.  Je me retrouve dans un genre de Mont Saint Michel sans la mer, tourisme, boutiques souvenirs, tout monument dont les églises à entrée payante: seule surprise un joueur de harpe dans la rue. Je m’assois pour l’écouter. 

 

Et l’autre facette de Trapani, et l’une des raisons de ma venue , les marais salants. Une visite s’impose. Je loue un vélo et part me balader le long des salines, quel plaisir… Le bord de route me révèle d’abord l’odeur très forte de l’eau saturée: là où chez nous cette odeur de violette est légère, ici elle est pénétrante : les surfaces sont immenses et l’eau en sursaturation. Ensuite il y a les bulldozers qui comme en Camargue dans les salins du midi, ramassent le sel par tas de plusieurs tonnes.  Et qu’un tapis roulant ramène sur le bord pour le chargement. 

Quid du coup de la fleur de sel vendue sur ce bord de route ? Est ce comme pour les salins du midi, une arnaque ( faisant l’objet d’un procès en cours sur l’appellation « fleur de sel), laissant croire par des montages photos et un ensachage personnalisé à un travail manuel, artisanal ? La visite du Musée du sel m’apporte la réponse ainsi que certaines autres. En fait il y a deux productions ici , une industrielle et une manuelle. La saline proche du musée se fait manuellement mais, en une seule fois, c’est à dire en septembre. La technique est en fait la même que pour le sel industriel,: au lieu de tirer tous les jours on remet sans cesse de l’eau pour la constitution d’une grosse croute de sel que l’on ramasse à partir de fin aout à la main, c’est à dire à la pioche et à la pelle. La croute est très dure en effet et le travail difficile vu les surfaces. C’est ici qu’est ramassée la fleur de sel manuellement, principalement en juin les jours de vent, alors que l’eau n’est pas en sursaturation. 

Les deux sites sont alimentées en eau de mer par des pompes fonctionnant au fioul. A ma question sur la méthode employée dans le passé, la responsable du musée me montre les photos des moulins à vent qui parsemaient le paysage.  Pourquoi ne pas les restaurer? Le coût, dit-elle, trop élevé. Je lui fais remarquer que bientôt il sera peut-être  moins onéreux de réparer un moulin que de faire tourner des pompes au fioul…. Elle dit que ce n’ est sans doute pas faux. Toujours est il que la piste des moulins à vent n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. A Noirmoutier déjà, nous utilisions des petits moulins, style éoliennes, qui permettaient de vider ou remplir un marais. Pour mon futur projet auquel je compte m’atteler dès mon retour c’est à dire la construction d’un marais salant en Balagne, je mets cette idée de moulin dans un coin de ma tête. Pour en revenir à cette production sicilienne, il n’en reste pas moins dommage que sur ces parcelles travaillées manuellement, le sel finalement ne touche pas l’argile et donc ne s’enrichit pas en apport de magnésium et calcium qui fait toute la différence et la qualité du sel de Guérande, de Noirmoutier, de l’Ile de Ré et de la cote sud Vendée.  Prochaine étape Catane et l’Etna, mais il semble qu’il soit en éruption et rien ne garantit que je puisse m’approcher. On verra. Ainsi est faite l’incertitude du voyage .

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