Et pendant ce temps là …
Grèce, Athènes, Egine: des bateaux de milliardaires, avec des lampes bleues qui éclairent l’eau par en dessous toute la nuit, la famille mange sur le pont servi par des serviteurs, en spectacle devant les passants du quai, qui rament après leur fin de mois en vendant des sachets de pistache de la coopérative. Rien de neuf sous le soleil. L’obscénité est à son comble avec le naufrage il y a quelques jours d’un bateau au large de la Grèce, faisant plus d’une centaine de victimes, enfants et personnes âgées, femmes enceintes. Indifférence, abandon de toute morale européenne qui a viré depuis belle lurette à un repli identitaire tentant par tous les moyens de rejeter ces femmes et ces hommes venant trouver refuge chez nous, fuyant les guerres que nous avons exportés sur leur terre. Sur le quai , quelque jours plus tard, une manifestation du Parti communiste grec, en pleines élections législatives, qui vont donner le pouvoir à une droite réactionnaire, comme en Italie, comme en Suède, comme en France, comme en Pologne… Voyager , ni ne rapproche ni n’éloigne la conscience de l’obscénité du monde. Elle devient plus visible. Plus flagrante. Plus violente. Avec ce permanent sentiment d’ impuissance…
me revient sans cesse en tête…
Vous envierez un peu l’éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances….
Oui Laurent, tout ça est bien tragique, injuste, insupportable.
L’humanité qui dégueule son humanité, l’humain qui rejette l’humain.
Je me souviens d’une chronique écrite il y a quelques années déjà par François Cavanna.
Il y comparait les hommes aux rats et ils concluaient que, contrairement aux rats, les hommes étaient les seuls à détruire en toute conscience leur propre espèce en détruisant celles et ceux qui la composent et autour d’eux, tout ce qui leur permet de vivre. Un visionnaire ou une élémentaire lucidité ?
Depuis cette chronique (en 77 ou 78 je crois), tout n’a fait que s’accélérer.
Mais ne lâchons rien de nos espoirs en un monde meilleur et plus éclairé et luttons, chacun à sa manière et selon ses forces pour y accéder, nous ou celles ceux qui nous survivront !