Sur la route, longue, l’écoute de podcast est devenu obligatoire et passionnante. Magnifique univers, des gros boulots sur le son, on voyage doublement .
ICI donc une émission : la mer lave t elle de tous les maux? Avec la philosophe Laurence Devillairs autour de son livre « petite philosophie de la mer ». J’avoue que la lecture de son livre, immédiatement acheté à la belle librairie de Noirmoutier dés mon arrivée, m’a un peu déçu par rapport à l’émission. Plus un livre supplémentaire sur la connaissance de soi et le développement personnel que réellement sur la mer. Et moi, justement personnellement je suis passionné plutôt par la mer ( rires) . Je pense que l’émission est passionnante grâce à l’interviewer Charles Pépin qui sait lui poser les bonnes questions.
Dans le même univers , et encore plus passionnant l’émission « Ne faire qu’un avec le grand large » . Témoignages, récits d’aventures de navigatrices, de pêcheure, de médecin, si justes, pleines d’embruns et de sel…
Que dire des émotions à l’écoute des paroles de gens de mer.? Vent du large, ventu di mare, l’appel de la mer que j’ai ressenti dés mes 18 ans par mes lectures de Jack London et Blaise Cendrars. Ces podcast m’ont permis de découvrir d’ailleurs un poème de Blaise que je ne connaissais pa: ILES
Îles
Îles
Îles où l’on ne prendra jamais terre
Îles où l’on ne descendra jamais
Îles couvertes de végétations
Îles tapies comme des jaguars
Îles muettes
Îles immobiles
Îles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais
bien aller jusqu’à vous
Ici vous pouvez même réécouter cette voix inoubliable
J’ai noté sur les phares qu’ils étaient des métaphores, que j’ai transformé en métaphares, j’ai appris l’importance d’être dans l’eau , de nager, de cette perte de pesanteur qui nous fait penser différemment, comme sorti de notre corps. J’ai ré-entendu l’appel d’horizons, la mer comme porteur d’imaginaire, se ressentir à l’écoute du vent la main sur les écoutes. Mon envie de rompre avec la routine de la terre. Je m’en suis senti conforté dans mon envie/projet de voyage en voilier sur un temps indéterminé. Pour ralentir le temps. On en reparlera certainement mais je vous invite à réécouter la conférence du docteur québécois Serge Marquis sur le fait de s’arrêter: https://youtu.be/MzvF3OVWgZM
Côté livres j’ai continué de manger les livres du poète écrivain islandais Jón Kalman Stefánsson
Après le magnifique « ton absence n’est que ténèbres », j’ai continué par le non moins merveilleux « Lumières d’été puis vient la nuit ». Et suis dans « à la mesure de l’univers – chromique familiale » un vrai bonheur aussi . Mais ce n’est pas de l’Islande dont j’ai envie de parler mais de la Syrie. Car il est rare de retenir ses larmes à la lecture d’un livre.. Mamhmoud ou la montée des eaux d’ANTOINE WAUTERS . ( prix Wepler,Prix Marguerite Duras, prix livre Inter) .
Comment ce jeune écrivain belge a t il su si bien faire resurgir ce village englouti sous les eaux du lac Assad, et ce vieil homme sur sa barque, avec son histoire, celle de son pays, de son drame. La force de l’écriture, de la littérature. Et revient cette boule au ventre et ces larmes au bord des yeux. Cette boule ancienne, née au temps du Vietnam, du Chili, de Pierre Overney. faite de rage, de colère , d’impuissance et d’injustice. Là c’est là Syrie, celle de la dynastie des Assad. Qu’ avons-nous fait ? Qu’avons-nous tu ? Comment le silence finalement a-t-il fini par régner ? Irak, Syrie, Iran, Afghanistan , Égypte, Tunisie, Libye. Comment avons-nous pu pendant si longtemps aider et soutenir, mettre en place des tyrans ou les remplacer à notre convenance pour arranger nos propres affaires…? le livre est terrifiant. Les livres ont cette puissance dans la mesure où ils sollicitent notre imaginaire pour bâtir nos propres images et avec celui-ci nous sommes une nouvelle fois terrifiés au plus profond de notre être. Bouleversés.