Vote corse et suprémacisme


Société / mardi, mai 24th, 2022

Le Vote corse et le suprémacisme 

Depuis les dernières élections se sont multipliées  les analyses émanant de spécialistes, de politologues, d’universitaires autour du « vote corse ». Et plus particulièrement autour des liens, ou similitudes entre score des nationalistes et score du RN. 

Malgré la qualité de leurs analyses  j’ai quelques points de vue divergents .

 Le premier point est sans doute l’erreur à vouloir  chercher à tout prix un rapport direct  et un transfert systématique d’un vote nationaliste corse ( indépendantistes et autonomistes confondus) lors d’une élection territoriale à un autre vote nationaliste français lors d’un scrutin national. Or ces deux scrutins ne sont pas comparables.  En effet lors des Territoriales  un grand nombre d’habitants insulaires n’y participent pas. Ils ont compris que cette consultation  fonctionne principalement par un apport massif de votes par procuration, et un soutien systématique au maire du village, surnommé en l’occurence « porte voix ». Les élections locales territoriales restent une « technique »,  une « pratique », un mécanisme qui exclue un bon nombre de citoyens de cette consultation. 

L’élection présidentielle à l’inverse renvoie dans l’abstention de nombreux sympathisants et militants nationalistes qui ne veulent pas participer à un scrutin qu’ils estiment franco-français. Ainsi les résultats doivent être pris avec a minima ce recul là. Les votants et les abstentionnistes  ne sont pas vraiment les mêmes. 

Ensuite pour ce qui est des similitudes entre ces deux électorats qui sont amenés parfois à se confondre, il y a de mon point de vue la commune idée du «  nous », et plus particulièrement du « chez nous » dans la phrase « nous sommes chez nous ». En effet nationalistes corses et nationalistes du rassemblement national se retrouvent dans la même lignée de la méfiance ( la phobie plutôt)  de  l’extérieur ,de l’arrivant, de l’étranger, persuadés d’être menacés  en permanence par l’extérieur quelqu’il  soit , continental, musulman, juif, africain…. 

La récente écoute de l’ émission sur France Culture* sur le récent massacre  perpétué à Buffalo aux États-Unis  m’a fait réaliser à quel point ces notions faisaient partie d’un discours global autour de la suprématie, qu’elle soit blanche, qu’elle soit chrétienne, quelle qu’elle soit en fait. Ainsi cette idée, ce poison, s’est répandu un peu partout dans le monde , s’est normalisé, banalisé. Comme quoi il était plus sûr et plus intelligent que les Africains soient en Afrique, les blancs en Amérique, les Russes en Russie les asiatiques en Chine et au Japon, les arabes dans les pays arabes et les corses en Corse et que le monde n’en tournerait que mieux. Je n’avais jamais réalisé à quel point ces idées viennent heurter frontalement et violemment ma vision ( qui est celle  aussi d’un très grand nombre de citoyens) de l’importance du métissage, de l’importance fondamentale de la disparition des frontières, du brassage des cultures ,de la rencontre, de la mixité. Dans tous les phénomènes d’exclusion, de violence raciale, apparaît en filigrane cette doctrine du rejet de l’autre, de l’exclusion du différent et de la différence. De quels ressorts s’ agit-t-il ?

Le premier est certainement une idée de supériorité  aux autres et  l’arrivée de quiconque de différent, extérieure à la communauté , ne peut que pervertir une  certaine pureté soit de la race  soit de la culture. Le second repose sur le syndrome de dépossession, mêlant une angoisse de la perte  d’un passé, de repères, accompagné d’un discours autour d’une légitimité historique, puis raciale par le lien du sang, les ancêtres, etc. 

Prendre conscience de ces phénomènes, de l’importance de la violence sous jacente à ces comportements ou ces attitudes, impliquent l’idée, du « comment réagir »? Un fossé semble s’être creusé,  et les tentatives de dialogue pour une meilleure acceptation, une autre vision du monde , de ce qui fait « nous », d’une communauté humaine, semblent bien fragiles lorsqu’elles existent. Mais il nous appartient d’essayer de reconstruire une agora, un espace temps, où l’échange permettrait de réduire les peurs et les clichés. Et où il pourrait être dit haut et fort , publiquement, que toute personne participant à la vie, d’une île , d’un village, d’un pays, est égale aux autres quelque soit son origine. Elle participe à sa richesse, à sa défense, à son mode de vie et qu’elle n’a pas à être juste « tolérée » mais admise et acceptée à égalité de toutes et tous. 

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