Pierre et Federico


Cinéma, Culture / jeudi, janvier 28th, 2021

 

Le frisson du jour… J’avais décidé de ranger, vous savez cette idée qui vous vient de temps en temps de grand rangement, pas celui qu’on est censé faire tous les jours, non, un grand, d’autant plus grand quand on ne le fait pas tous les jours justement.

Et puis .. parmi d’ autres… un tube, et dedans un dessin signé Fellini.

C’est une reproduction évidemment, dans le bas à gauche il est écrit : D’après F. Fellini, Ch.Sorlier graveur – Mourlot imp. La dédicace par contre est celle de Federico Fellini à mon père Pierre, Pierrino, et il y est question de sentiments, d’amitié « vitellonasca ». J’ai peu de mal à imaginer qu’il fait référence aux Vitelloni,son magnifique film de 1953 où Nino Rota excelle déjà. Mais qu’est-ce qu’une amitié « vitellonascaise » ? Mystère, mais ça laisse rêveur. Se sont-ils connus dès 1953 autour de la sortie du film ? Je ne le sais pas car j’attendais la sortie d’ “Il Bidone“  en 56 pour naître. Mais c’est possible car mon père dans ces années-là était déjà bien présent dans le monde de la critique cinématographique. Au sortir de la guerre il est communiste, comme ma mère, plutôt de la branche « si tous les gars du monde », la branche qui quittera le navire entre 56 ( Budapest) et 68 ( Prague). Ironie du sort ? Ce sont dans ces deux villes qu’il participe pour la partie cinéma, à l’organisation des premiers Festival de la Jeunesse et des étudiants, en 1947 à Prague, en 1949 à Budapest. C’est ce qui l’amènera à créer dans le début des années 50 la fédération française des Ciné-clubs et la revue “ Cinéma“ qu’il dirigera jusqu’en 67.

Tout ça pour dire d’où je viens , un peu, du plaisir du cinéma, de la salle de cinéma, du grand écran, du noir, du noir et blanc,  de la lumière qui s’éteint, des discussions à la sortie. Et parler de cette tristesse, cette colère,  cette bêtise,  cette horreur,  ce non-sens, cette absurdité…. Enfin de cette interdiction d’aller au cinéma, au théâtre, au musée et autres lieux de culture alors que partout ailleurs les gens s’agglutinent.

Tout ça pour dire que le dessin est magnifique, les nuages, le vent, la mer, les personnages, le chien. Et que je suis heureux de le redécouvrir et de le partager.

Heureusement le cinéma fait rêver, le dessin fait rêver…

Tiens ça me fait penser à Sempé, un autre compagnon de route de cette époque, je vous en parlerais un de ces jours…

 

PS si quelqu’un a une info sur « vitellonasca » je suis preneur.

 

2 réponses à « Pierre et Federico »

  1. I Vitelloni chronique de jeunes branleurs desoeuvrés dans une ville de province, tu dois te souvenir de cette scène où ils s’ennuient tellement, ils trainent au port et l’un dit à l’autre « Per deci mill lire ti lampi ? » Pour 10 000 lires tu te lances à l’eau ? Ce dessin m’évoque cette atmposphère des longs hivers où on s’emmerdait fort à Bastia, on allait sur le port, regarder les bateaux partir en se disant que de l’autre côté c’était mieux, qu’un jour ce serait la vraie vie, mais pas ici. L’amitié vitellonascaise serait ces échanges faits de désoeuvrement, d’espérance d’un ailleurs géographique et humain où l’on se sentirait vivre en vrai.

    1. oui c’est bien vrai, en fait ça nous rappelle tous ces moments où ,jeune, on s’emmerdait, le temps trainait en longueur, et on imaginait qu’ailleurs ça serait mieux . Quel talent ce Fellini pour traduire ces émotions … !

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