Dilution et concentration


Société / lundi, juin 3rd, 2024

Concentration et dilution

Étrange phénomène..

j’entends d’abord depuis la Corse cette peur, cette angoisse, de la perte d’une culture, d’une manière d’être par l’arrivée, l’apport de l’autre, celui qui vient de l’extérieur, l’étranger , le colon, qu’il soit français ou arabe. Risque de dilution. J’entends venant de France ( d’Europe, du monde) cette montée des idées d’extrême droite face au même phénomène d’un pseudo grand remplacement , avec la migration de « musulmans » modifiant profondément une culture « chrétienne », le risque de disparition d’un monde blanc,  chrétien. J’entends depuis la Nouvelle Calédonie, les cris des kanaks, originaires depuis des millénaires de ces iles, inquiets, effrayés, en colère, de la disparition de leur mode de vie, de leur culture face à l’arrivée puis l’intégration d’une population blanche . J’assiste en Israel depuis sa création en fait mais de plus en plus fortement évidemment durant les dernières décennies à ce cauchemar de citoyenneté et d’appartenance, cette obsession à avoir sur son territoire plus de « juifs » que de « non juifs », en fait des  « musulmans ». Partout   cette nostalgie d’un ancien temps ( dans le dernier cas un pur fantasme biblique ) cette peur de la dilution. Dans le Larousse* on apprend que dilution est l’inverse de la concentration. Cette concentration on en fit à une époque des camps où l’on enfermait avant de les exterminer  des femmes, des hommes, des enfants, des vieillards, pour des raisons  d’appartenance « raciale,  ethnique, politique ou de communauté ». Concentration /dilution. Pouvoir des mots . Qu’est ce qui fait donc peur à se mélanger, se mixer, se métisser ? A écouter Jacob Rogozinski, l’auteur entre autre d’ « Inhospitalité » ( ici ) une peur intrinsèque du refus de l’autre , de l’altérité, du corps étranger considéré comme virus. Une propension à la création de frontières, soit géographiques , géopolitiques , concrètes et réelles mais aussi des frontières internes, en nous mêmes, qui ne font que nous séparer . Et de vanter dans cette émission le droit universel à vivre sur cette terre partout sans différence d’appartenance et de se rendre à l‘évidence de l’absolue nécessité du métissage. De l’hospitalité sans condition. Que notre manière de vivre « avant » a déjà disparu et va encore muté profondément, qu’i est préférable de concevoir les mutations futures, de les accompagner, des les inventer plutôt  que de lutter contre. Qu’il ne sert à rien de s’arcbouter sur nos souvenirs d’enfance, sur un passé révolu, mais laisser notre imaginaire développer des modes de vie différents que ceux que l’on nous promet.

Et je repense aux oiseaux, migrateurs. Je repense à ce que m’en disait Tony Gatlif autour de son film «  Je suis né d’une cigogne » et ce que me racontait hier Patricia NAGERA lors du film que je fais sur elle autour entre autre de son projet « Ma mémoire aux oiseaux ». Retrouver progressivement cette attitude, aptitude animale à définir des territoires mais sans frontières réelles, pouvoir habiter le monde en fonction de là où l’on est. Concevoir la planète comme un espace vivant où nous aurions le droit de vivre partout selon nos capacités, nos possibles, nos envies. Lorsque vous regardez ce que l’homme, son pouvoir, sa soif de domination, de cloisonnement, d’accaparement, de division a fait à  l‘Afrique, en la découpant avec une règle et un crayon. Un rectangle ici, un trait dans le désert, une communauté de langue coupée en deux. Ça à moi, ça à toi. Il y a des bassins de culture. De langue. Et notre rôle, notre intérêt, pour créer un « monde de  paix est réellement de créer du lien, de croiser, de métisser . Le métissage non pas comme un accident inévitable mais comme  solution, projet  réel du vivre ensemble demain? Qui le dit ? Qui le prône ? Qui oserait ? Mieux vaut être dilué que con-centré. 

* dilution nom féminin (bas latin dilutio, -onis)

  • 1. Addition d’un liquide à une solution pour en diminuer la concentration ; solution ainsi obtenue. (Quotient du volume d’une solution par la masse du corps dissous, la dilution est l’inverse de la concentration.)
  • 2. Action de diluer quelque chose dans un liquide.
  • 3. Littéraire. Diminution progressive de la force par la dispersion, par l’effacement : La dilution de la personnalité.
  • Homéopathie
    4. Opération consistant à diluer progressivement une substance médicamenteuse d’origine animale, végétale ou animale, au sein d’un milieu inactif qui la transforme en remède homéopathique.

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