LA GERBE


Société / vendredi, juillet 28th, 2023

La gerbe

Je ne trouve pas d’autres mots… et j’en ai assez d’enchainer les phrases bien policées autour de la migration les migrants, l’accueil, les camps, les noyés, les tortures. Ça me fait gerber en fait , ce monde est à gerber. Hypocrite, ordurier, menteur, violent, criminel. A voir ces « migrants », (enfin dois je me conformer au mot que l’on m’a imposé?) enfermés dans un camp minuscule, d’où se dégage une odeur de poubelles et de merde, surveilles 24H/24 par une voiture de police qui reste en marche pour avoir la cllim,  il me vient la nausée. Ça se rajoute à ce que je ne vois pas mais que je sais. Les gardes cotes qui remorquent les embarcations en perdition en dehors des eaux territoriales pour que ces gens là aillent crever ailleurs, ces autres qui les harponnent directement pour régler définitivement le problème, les camps de torture, de viols, de rackets, les financements et les aides de notre pays et quelques autres d’Europe pour ces camps, pour empêcher que « ces gens » là n’arrivent ici. Oui ce monde est à vomir. Surtout si on rajoute l’écoute fortuite de France Inter où s’enchaine les interviews des politiques bien pensants , majoritaires, droitiers, sécuritaires, qui parlent du fléau de l’immigration, de mesures radicales. Avec des journalistes médusés, ( Salamé) qui ne savent que bredouiller : « vous pensez vraiment que le problème serait résolu avec vos mesures? «   Fin de l’analyse politique.

Je vais la refaire une énième fois, même si cela ne sert à rien , vu que l’Italie, la Grèce, la France, la Pologne, la Turquie, enfin quasiment toute l’Europe semble basculer vers la droite et ses extrêmes, dans la plus parfaite amnésie d’un passé si récent.

Donc ces gens là ont subi et subissent des conditions de vie insupportables à cause du mode de société que l’occident a développé. Entre colonialisme et capitalisme, l’occident a pillé les ressources, appauvri les populations, renversé les régimes à sa guise, placés les dictateurs de son choix,  aggravé les conditions de vie par le réchauffement climatique, détruit l’emploi par les aides mal adaptées. Quand l’Occident n’a pas tout simplement détruit systématiquement le pays, par la guerre, les bombardements.

Et donc ces gens là viennent chez nous. ..! … C’est comme tout, tout a un prix et il faut le payer. Et le prix c’est l’accueil de ses victimes de notre mode de vie. Parce que  c’est moral et juste. Et incontournable. Si cela s’était accompagné depuis des décennies que ceci est prévisible 1 d’un changement d’orientation, de paradigme, de sens de notre société,   , 2 par l’investissement de centaine de milliards d’aide à la reconstruction, plutôt qu’à la guerre, à l’investissement au profit des populations locales plutôt qu’aux multinationales, par l’aide à l’agriculture locale, l’approvisionnement en eau, etc… Oui je sais c’est du rêve, de l’utopie, le sens du commun avant le sens du profit. Ce n’est pas arrivé, cela n’arrivera pas. Alors payez. Payons; Accueillons, Que tous ces pays qui revendiquent haut et fort leur culture et origine « chrétienne » aillent au bout de leur  logique et aident le pauvre. Comment ces majorités d’opinion ont elles pu se bâtir en dépit de toute humanité, de toute réflexion ? Par le même moyen de pouvoir usé jusqu’à la corde: la peur de l’autre, de l’étranger  du pas-pareil. Ça a si bien marché…  ça marche encore.  Quelle misère de voir 70 ans après la seconde guerre mondiale et la Shoah une civilisation enfourcher ses pires démons. A vomir. 
Finalement j’ai fait des phrases, pas réussi à m’empêcher, comme un rempart à ce que je ressens : de la honte . 

5 réponses à « LA GERBE »

  1. Laurent,
    Comme j’entends bien ce que tes mots portent de colère, de honte, de révolte. Ils font écho aux miens et, j’en suis persuadé, à beaucoup de celles et ceux qui te lisent.
    Comme Palerme et d’autres lieux du monde sont cernés par les fumées épaisses et mortelles des incendies que notre civilisation a allumés sur la planète, notre horizon d’humain s’assombrit de cette peste brune qui brûle, assassine, torture, asservit tout un pan de notre humanité.
    Moi aussi je dégueule cette « actualité »racontée comme un vulgaire fait-divers.
    Mais devons-nous perdre espoir ? Devons-nous pour autant abandonner notre combat (petit ou grand, seul ou groupé) pour un avenir meilleur et plus éclairé, un monde plus juste où l’étranger.e sera notre sœur, notre frère ?
    Utopie ?
    Et alors ?
    Je préfère que ce qu’il me reste à vivre soit éclairé par cette belle lumière qu’assombri par le noir du deuil de l’enfant mort en mer, le rouge du sang de l’innocent assassiné par les « miens », ou le brun des visions nauséabondes et démoniaques des fascismes, racismes et autres doctrines totalitaires.
    Laurent, si nous nous sentons seul.es dans nos enveloppes corporelles face à ces horreurs, nous ne sommes pas seul.es à penser comme toi et à avoir cette nausée métaphysique qui finit même des fois à nous écœurer de nous même, comme si nous prenions conscience de notre éventuelle complicité.
    Mais nous ne sommes pas non plus seul.es à penser, dire, écrire et agir pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui, un demain meilleur pour notre grand vaisseau spatial et le vivant qui l’habite.
    Notre arme fatale ? La douceur et la tendresse, l’Amour ! Les plus grandes des forces !

    Tout mon cœur dans ces quelques lignes pour que nous ne perdions pas l’espoir !
    Pascal

  2. Laurent, merci pour ce coup de gueule. Oui, on sait tout cela, et oui, on s’y résigne. Pas tout à fait, et c’est cette petite lumière qui clignote encore dans le noir. Par exemple, je vis dans une petite ville, que tu connais si bien, ou accueillir des migrants dans nos maisons est quelque chose de presque normal… Et comme chaque vie compte… mais j’ai tellement honte de ce monde amnésique et obscène, comme toi, alors belle navigation, et gardons espoir.

  3. Bonjour Laurent, un film qui parle de tout ça par la voix de ceux qui ont traversé toutes ces épreuves et ont pu débarquer, c’est Le chant des vivants réalisé par une journaliste dont j’ai oublié le nom. Cela sepasse à Conques dans l’Aveyron, avec la Pastorale des migrants. Film à recommander et à visionner. Sinon, comment agir ? Nous on participe à SOS Méditerranée en faisant connaître ce dont tu parles et en récoltant des dons pour la première étape, celle de les sauver de la noyade. Bises sympathiques.

  4. Tu as raison, tout ça est à gerber, quoi dire de plus ?? Certains devaient dormir pendant les cours d histoire. Si!!!une note d optimiste allez!!!! Observations
    d où je bosse…. Les fainiasses sont d extrême droite maintenant. Encourageant….non ??? ✌️🤪😂😂

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