L’impossibilité d’une île


voyage tamarone / dimanche, avril 30th, 2023

L’impossibilité d’une île

J’ai écouté  récemment le reportage de France Inter sur la jeunesse corse :l’impossibilité d’une île.

J’en tire un constat ( récurrent ): il manque ( pas le reportage mais notre pays) d’un discours intermédiaire .

Qu’entends-je par là ?

Qu’il existe depuis bien longtemps deux postures et qu’il semble bien difficile de s’en détacher . L’une ,  corse, nationaliste, «  indépendantiste », a désigné la cause de tous maux par un nom , l’état français , son moyen : la répression , son attitude: le mépris, l’arrogance et la non reconnaissance d’un peuple et d’une culture .

L’autre , française , «  continentale », jacobine , considère que la Corse souffre de problèmes internes liés à la violence , à des pratiques claniques, à son incapacité à accepter son intégration à la «  République » et la tient collectivement responsable d’un assassinat qu’elle n’a pas commis mais qui fut commis en son nom.

Beaucoup d’autres facteurs nourrissent ces deux piliers mais ils sont suffisamment puissants pour s’y intéresser quelque peu .
car en fait ce qui choque ou interpelle dans l’écoute des ces jeunes corses, , c’est le sentiment d’une répétition d’un discours, invariable, celui des « ainés », des « historiques », des « fondateurs »: pas un mot n’a changé , pas une virgule, c’est à l’identique la même posture, la même réthorique, le même propos. Avec sans doute les mêmes résultats, la même efficacité. Aucune.

Quant à la stupidité crasse des réponses faites aux demandes légitimes émanant de la Corse, on est obligé de remonter à Michel Rocard et son fameux discours à l’Assemblée pour trouver une trace d’espoir voire de compréhension. C’est dire. Indépendamment de la question corse, ces » représentants « de la force publique se sont tellement délégitimés dans tant d’autres secteurs qu’on les imagine mal faire bouger les choses.

Que nous reste t il?

Imaginer et promouvoir un autre discours. Un discours qui échapperait aux clichés.

Pour cela il faut dépasser les lignes et pour se faire les reconnaitre. La société corse, qu’on le veuille ou non est morcelée en communautés « d’origine »: corse, continentale, maghrébine,, portugaise, etc. Quasiment aucun pont ne les relie, aucun lien transversal. Ces communautés cohabitent en parallèle, font vivre le pays, le font tourner, mais ne participent pas de manière égale à sa gestion. Il faut de mon point de vue le reconnaitre, le dire et tout faire pour intégrer toutes ces forces vives dans le discours . Afin de rompre avec un discours vieillot, répétitif, et surtout ethno centré sur l’appartenance, la revanche,, etc.

La reconnaissance doit aussi être la première étape de l’état, reconnaissance d’une histoire particulière, d’une langue, d’une culture, d’un personnage historique que fut de toute évidence Pascal Paoli, etc… Ce travail là, devrait être aussi la tâche de gens comme moi, des citoyens corses n’ayant pas de lien familial sur l’île mais vivant depuis bien longtemps ici. C’est pour ma part fondamental car cela déplacerait  le débat, le bras de fer perpétuel entre « corses/français » vers un véritable débat de citoyens vivant en Corse  et réunis réellement par cette communauté de destin qui pour le moment a surtout couvert d’autres intérêts. Il fallait certainement passer par toutes ces épreuves endurées pour arriver à ce constat: les revendications corses ne progressent pas parce que ‘elles ne sont pas débarrassées d’un sentiment de revanche, vengeance, règlement de comptes, liées à une humiliation, un mépris et une non reconnaissance. Et tant qu’on ne fera pas vivre un discours simultanément pour une reconnaissance  de l’Histoire, mais vers la jeunesse corse aussi d’une reconnaissance de toutes ces forces vives, pour être plus précis, de rompre avec cette lointaine peur de tout ce qui arrive de l’extérieur, on ne sortira pas de l’ornière.

C’est je trouve l’un des défis de l’écologie politique de réussir à rassembler au delà des appartenances « classiques », d’intégrer et fédérer autour d’une attitude nouvelle des forces qui pour le moment se croisent en s’ignorant . Rompre avec l’ethnicité d’un peuple corse, tout en reconnaissant ce qui le fonde, son histoire, sa culture, sa langue,, serait une première étape courageuse et nécessaire .

Une réponse à « L’impossibilité d’une île »

  1. MERCI Bibi pour cet article si juste … que je lis sur ma nouvelle île… Gwadloup…
    Je suis si content de découvrir cette nouvelle île… son métissage, ses sourires, cette bienveillance omniprésente… et même si ici aussi il y a d’autres facettes moins belles, c’est un Beau Bonheur d’être ici en Gwada 😀🐋🌴🌊⛵😘

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