Réflexions de fin d’année.
Je m’aperçois que depuis peu nous sommes de plus en plus nombreux à « réfléchir, agir, proposer, discuter » autour des thèmes du « commun », des « communs ».
Et j’observe cette difficulté de pouvoir mettre en commun cette parole, cette réflexion : ainsi le sujet même est mise en contradiction avec notre propre capacité/ incapacité à le mettre en pratique. C’est un simple constat dont je ne m’exclue pas évidemment mais qui porte à réflexion.
Comment réussir à mettre en commun une parole commune autour des « communs » ?
Tout un chacun est convaincu que « unis nous sommes plus forts », que nous sommes sans doute plus nombreux que ce que nous croyons (même si cela reste minoritaire), qu’il y a plus et mieux à faire dans ce domaine, de la protection du vivant et du partage. Alors quid ?
Nous sommes une multitude de collectifs d’associations, de cercles de réflexions, de partis même peut être à imaginer des pistes de travail, des moments de rencontres et de débats, des manifestations, des pétitions, dans des domaines différents certes mais autour d’une idée commune : (une autre Corse est possible) et de « valeurs génériques » (commun, partage, solidarité, vivant, entre autres). Qu’est ce qui s’opère ensuite ? un phénomène de méfiance ? vis-à-vis de l’autre, des autres, du pouvoir qu’il pourrait prendre, de l’ascendant, du fait que nous ne sommes pas d’accord sur « tout », de son histoire passée avec ses erreurs, du phénomène de récupération, de tirage de couverture à soi, etc… Et si on ne s’en cause pas comment avance-t-on ?
Je pense intéressant de poser quelques bases. D’abord il n’est pas question de constituer une espèce de force unique, genre de parti unique, rassemblant tout le monde. La forme actuelle de multitudes de collectifs répartis sur le territoire corse est à l’image du pays, disparate, éclaté, multiforme. Et c’est bien. L’objectif est plutôt de créer un espace commun dans lequel se rencontrer, communiquer, diffuser, et être en capacité de se fédérer pour une action quelqu’elle soit, je pense au Tavignanu ou une élection par exemple. La mise en lien, le fait d’en créer ou recréer, apparait comme l’une des pistes intéressantes contre la privatisation généralisée des espaces qui a détruit tout lien , social, individuel, culturel.
Ensuite il y a un travail certain à faire pour déterminer ce qui nous rassemble : la protection du vivant, la volonté d’une mise en commun des ressources, le combat contre la privatisation des espaces, la défense d’une langue et d’une culture, l’autonomie alimentaire, l’accès au logement et au foncier, une forme de démocratie participative, l’accueil des migrants (enfin j’espère) etc. , liste à compléter évidemment.
Et aussi un travail sur ce qui nous divise ou nous différencie : les moyens d’action, notre rapport au « politique », au « nationalisme », plus récemment la campagne sanitaire, nos attitudes face à la dernière élection présidentielle, peut être nos définitions de « ‘écologie, vert, environnement, transition, etc », liste de la même manière à compléter par chacun.
Ce sont pour ces raisons que j’appelle de mes vœux, (c’est la période) à l’aube d’une nouvelle année, que les conditions soient enfin réunies pour une plus grande mise en commun des communs, afin de transformer nos actions ou réflexions locales si nécessaires en véritable alternative capable de définir et d’inventer un nouvel axe, un nouveau projet de société.
Bonnes fêtes à tous,
bon capu d’annu
E pace è salute
Laurent billard