BILAN DE CAMPAGNE


Société / dimanche, juillet 25th, 2021

Bilan ECOLOGIA SULIDARIA

Historique : Quelques mois avant l’élection j’ai été contacté d’abord par une amie, pour participer à l’élaboration d’un programme commun regroupant divers groupes politiques dont 2 auxquels j’adhère : Génération.s et Nouvelle Donne. J’y ai apporté quelques maigres contributions liées à mes compétences ou connaissances en terme de « produire local » avec Balagne en transition, collectif citoyen récemment monté (4 ans), et dans le domaine culturel après presque 20 ans de travail associatif avec Ventu di mare. Plus globalement, à titre de militant depuis plus de 40 ans dans les domaines aussi variés que la lutte contre le nucléaire, pour l’accueil des migrants ou les manifestations de solidarités envers les peuples opprimés.

Dans un deuxième temps j’ai été sollicité pour faire partie de la liste Ecologia Sulidaria, et après avoir refusé à deux reprises j’ai proposé une entrée « collective « de membres d’associations proches de ma sensibilité. Ainsi fut fait et entre 10 à 12 noms, membres de mouvements associatifs ont pu intégrer la liste en vue des élections.

Malgré certaines réticences de ma part, n’étant pas habitué à ce « jeu » électoral, ni convaincu de son efficacité, j’ai mis mon énergie à soutenir la liste et son programme .

Après le résultat connu j’essaye ici d’en tirer les conclusions et des propositions.

1 Passé

Les circonstances qui m‘ont amené à intégrer la liste racontent beaucoup à mon avis de l’état de l’écologie et de la gauche en Corse. Comment 4 groupes politiques ne sont pas capables de réunir 63 noms pour une liste  racontent un long échec de pédagogie, de communication, de formation, d’occupation de l’espace, politique ou/et publique. Car en 20 ans quand ai-je vu l’une de ces formations organisées quoi que ce soit ? Jamais à ma connaissance. Seul le tissu associatif, a organisé projections, conférences, manifestations. Et travail de sensibilisation. Je l’ai dit dés le départ, il y a là un sacré travail d’autocritique à faire, fort similaire à celui de la « gauche » à l’échelle nationale.

2 Campagne. Nous avons pratiqué une campagne « classique », c’est-à-dire « à l’ancienne ».  . Des tracts dans des boites aux  lettres ? Des tractages sur le marché ? C’est intéressant mais ici ça ne fait pas basculer un résultat. Des maires porte-voix rapportent beaucoup plus : ici les élections sont une « technique ». Maires + procurations. On est contre ? On le dénonce ? OK. Mais ça ne change pas le résultat. Le taux d’abstention, surtout chez les jeunes, montre qu’il y a  un énorme boulot d’éducation, de sensibilisation à entreprendre, à l’école sans doute entre autre. Car l’éducation à la citoyenneté a été abandonné depuis longtemps.

3 Programme. C’est sans doute le principal. Tant en termes de programme que de personnalité de tête de liste, Ecologia Sulidaria était trop proche de Gilles Simeoni. En tant qu’homme, en tant que politique. La différence entre le sondage ( qui nous créditait de 8% au premier tour)  et le vote ( 3,7%) est certainement liée à la peur de la victoire de la droite provoquant un vote utile. Le programme tente d’évoquer une rupture mais elle est peu visible réellement, et beaucoup admettent que la présidence de Gilles pourra permettre de mettre en pratique certaines directives du programme. C’était trop flou. A l’intérieur même de la liste Écologia, de toute évidence tout le monde n’est pas d’accord , et c’est bien normal, sur le degré de rupture avec le modèle nationaliste ou son éventuel soutien. Ces désaccords sont visibles, palpables et ne renforcent pas la cohésion, n’invitent pas à l’adhésion.

4 Interrogations. D’abord à l’aulne de cette élection , force est de se demander : y a-t-il un espace pour une gauche en Corse ? Le nationalisme n’écrase t-il finalement pas toute réflexion politique, et le choix finalement se restreint à « modéré » « autonomiste » « indépendantiste ». ? La question vaut d’être posé, car avant de dépenser des énergies de construction ou d’actions il est préférable de savoir si le jeu est possible, gagnable, utile. La droite, elle, est facilement reconnaissable : de Marcangelli au Front national, les idées à combattre sont simples à déterminer. Ensuite avec un homme de gauche qui se rallie à Macron, quelques communistes, et quelques LFI ou Manca qui restent à côté, il n’y a pas de visibilité d’une autre politique, de gauche, sociale, environnementale clairement définie « contre » celle des nationalistes, Gilles compris. A côté oui, et à ce moment-là, les électeurs votent pour lui.

Deuxième interrogation et de taille. : où et comment  des forces de « gauche » peuvent elles être efficaces ?

Dans la lutte électorale ce qui nécessite non seulement un travail de fond sur 7  ans mais l’apprentissage un tant soit peu de la technique ( sans rien perdre du sens moral et éthique évidemment) pour être audible.

Dans les petites actions locales, manifestations spectaculaires, ou travail de fourmi comme autour des jardins partagés, etc ? Dans le mélange des deux ? Mais alors combien sommes-nous ? Avons-nous la force, le nombre ?

5 Réponse et avenir.

Point de vue personnel. Oui un travail de fond peut être lancé autour d’une idée commune, rassemblant plus largement autour du social, de l’environnement, de la protection du vivant.

Il faut en quelques années bâtir un projet qui exprime une véritable rupture. Qui invente de nouvelles pistes. Qui ose dire non au nationalisme, c’est-à-dire entre autres, qui clairement annonce le droit du sol comme le droit privilégié. Revendiquer l’égalité haut et fort, l’égalité des citoyens vivant sur cette île. Développer un nouveau concept d’insulaire, les iliens, ceux qui vivent l’insularité, qui la partage . Et relancer les pistes vers les autres iles méditerranéennes.

Dans le même ordre d’idée, après les quelques tractages effectués, je ne sais pas si les termes « écologie » et « de gauche » doivent être ceux mise en avant . C’était un peu le même problème avec « communisme » et dictature du prolétariat », etc.. les mots véhiculent d’autres choses que les idées défendues. Ainsi ce temps perdu et cette énergie à se défendre face à “les écolos vous nous faites chier“ avant de tomber d’accord avec les solutions que nous proposons. Le mouvement écolo a connu de multiples épisodes et il est normal de ne pas se retrouver dans certains. (euphémisme) . Pour “la gauche « c’est pareil. C’est un fourre-tout, un débat sans fin : privilégions le vivant. C’est dans un nouvel espace que nous pourrons construire quelque chose de nouveau. Celui qui nous est laissé est trop étroit. 

Pour conclure, je pense qu’il faut de toute évidence continuer nos actions locales, un peu partout sur le territoire. Si cela peut se faire sous un même nom générique et rassembleur, c’est bien. Cela pourrait permettre de combler un immense vide : le juridique. Dans beaucoup d’affaires , seule U LEVANTE se lance dans des plaintes judiciaires. Ce n’est pas normal. Beaucoup de dossiers mériteraient d’être jugés par des tribunaux, mais nous manquons cruellement d’avocats spécialisés, motivés pouvant nous informer et nous encadrer.

Conclusion

Pour conclure, je dirais que cela a été une belle aventure, qui m’a permis de rencontrer d’autres personnes dont j’ignorais tout et qui m’ont montré les liens qui nous unissent plus largement sur le territoire. Je suis convaincu qu’avec du temps, de l’énergie nous serons amenés à en réunir beaucoup d’autres avec des compétences et des talents insoupçonnées.Au plaisir de vous retrouver tous sur le terrain pour ne rien lâcher .

2 réponses à « BILAN DE CAMPAGNE »

  1. Bonjour Laurent,
    Je partage en grande partie ton analyse. En ce qui concerne Inseme á Manca / Ensemble, (mouvement auquel fait partie Clémentine Autain), nous avons á trois reprises rencontré Europe Écologie et Génération.s, mais l’ancrage manifeste avec Gilles Simeoni, n’a pas permis d’aller plus loin.
    En ce qui nous concerne, nous sommes les seuls aussi à avoir rencontré et discuté avec tous les mouvements de gauche se disant anti libéraux. À savoir en plus des deux mouvements cités, le PC, la FI et À Manca.
    Mais nous étions les seuls à vouloir rassembler clairement une gauche anti libérale. Les egos des uns et des autres ont mis l’espoir à sec.
    C’est dommage, mais le résultat est implacable.
    Lors d’une d’une de nos réunions après les élections nous nous sommes interrogés pour savoir s’il ne faudrait pas s’engager à plusieurs dans l’organisation d’assises pour réfléchir en commun.
    Voir communiqués élections sur site http://www.mancalternativa.fr
    À nous de reconstruire.
    On peut en parler
    Amicalement
    Jacques
    0685038865

  2. Analyse intéressante qui souligne les difficultés de rassembler sur les bases de l’écologie avec une position anticapitaliste mais laisse la place cependant a l’espoir de créer les conditions d’une union qui passe obligatoirement par convaincre et mobiliser

Répondre à Casamarta Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *