ÉNERGIE


Société / dimanche, juin 4th, 2023

Énergie

A lire le passionnant dossier sur l’énergie proposé par le monde diplomatique , m’est venu l’envie d’en tirer des conclusions ou pour le moins quelques idées . D’ordre général sans doute , particulièrement pour la Corse aussi.

La première chose il me semble, est qu’il nous faut sortir d’une certaine hypocrisie.

Nous avons besoin d’énergie, nous en consommons, il faut donc en produire et cette action est polluante, quelque qu’elle soit. Il faut bien l’assumer. On a beau entendre parler d’énergie verte , d’électricité verte, on ne sait absolument pas ce que cela veut dire; il semblerait que tout a été repeint en vert, et il parait bien dérisoire dorénavant pour des « écologistes « de se revendiquer de « vert » (Voire même de s’appeler les verts. C’est un point de vue. )

Ensuite il est hypocrite d’accepter des énergies polluantes « ailleurs » et de refuser que l’on pollue « ici ». Barrage, centrale nucléaire, éoliennes, usines marées motrices, panneaux solaires, chacun semble heureux d’avoir de l’énergie mais surtout si les pollutions qui sont liées à sa production sont délocalisées. Quitte à doubler ces fameuses pollutions par un transport à grande échelle. Hypocrite et contre productif. Oui nous avons besoin d’énergie, oui nous allons être obligé d’impacter notre paysage. À nous de chercher la moins mauvaise solution, la plus équilibrée , la plus juste.

Qu’apprend-on ensuite dans cette enquête.? En dehors du rôle très particulier de la guerre en Ukraine, et le rappel des enjeux colossaux qui opposent depuis des décennies États-Unis, Russie et Chine,  que la dérégulation énergétique en Europe est liée à cette stupide et fausse affirmation des bienfaits de la concurrence imposée par Bruxelles : elle n’a amené que chaos et montée des prix. Tout le monde l’a compris mais personne ne semble vouloir quitter cette logique libérale absurde , contre-productive . À nous de le répéter sans cesse : cette course effrénée à la concurrence amène à une privatisation de biens nécessaires à tous et à un fractionnement de la société.

Les solutions ou pistes pour la Corse…

Rappeler une énième fois , comme pour les déchets, que la spécificité de la Corse , géographique, topologique, etc, nécessite des solutions par bassin, locales, adaptées et non une solution globale centralisée. Pour celles et ceux qui défendent une certaine autonomie, et j’en fais partie, cela me semble primordial pour y arriver.

Les pistes donc évoquées dans l’enquête :

  • Une méthanisation à petite échelle : je ne m’y connais pas évidemment mais la piste vaut le coup d’être discuté.
  • Hydro électricité : pas avec un immense barrage engloutissant des vallées, mais autant de petites retenues permettant soit la production locale d’énergie soit la constitution de réserves hydriques.
  • Panneaux solaires évidemment. Installation de chauffes-eau solaires évidemment, en grand nombre.
  • Des éoliennes ! Oui pleins, vive le vent. Oui ça « pollue » le paysage, ça fait du bruit, ça fait fuir les oiseaux.
  • Une piste des plus originales est aussi évoquées ici: la réduction du temps de travail comme économie d’énergie. C’est je pense tout à fait juste et rejoins d’autres réflexions sur une remise en cause  profonde de la notion de travail.
  • Dans le domaine des économies d’énergie, le célèbre mouvement Negawatt,  évidemment le train se substituant aux transports routiers, les transports en communs renforcés, les facilités vélos piétons augmentés, les aides à l’isolation thermique, etc.

Reste à discuter du problème du nucléaire… Comme tout militant de ma génération je l’ai considéré depuis 40 ans comme une industrie à combattre. Pour deux raisons principales: le risque d’accident et la gestion des déchets. J’ai compris que depuis peu, un courant « écologique », entre autre avec Jancovici, vantait les mérites du nucléaire face au réchauffement climatique . Je reste personnellement sur mes convictions, mais cela doit être discuté évidemment dans le cadre de tout projet énergétique, on ne peut pas faire l’économie de ce débat. Je conteste néanmoins les indicateurs de pollution du nucléaire en amont , c’est a dire au niveau de l’extraction de l’uranium et de son transport, ils sont largement minorées dans les études des « pro ».

Pour conclure je citerais d’abord un passage de cette enquête: Adopter d’autres indicateurs que ceux de la production permettraient de substituer à la dictature de la croissance la satisfaction des besoins sociaux ( la sociologue Dominique Meda dans vers une société post croissance. Intégrer les défis écologiques économiques et sociaux. ( L’aube-2017)

Et je redirais, comme Aurélien Barreau le fait si bien, que ce qui importe le plus c’est bien de dire à quoi sert cette énergie que nous produisons , plutôt  que de savoir d’où elle vient.

En résumé, quelque soit notre moyen de production d’énergie, si c’est pour continuer la destruction du vivant, des écosystèmes, du lien social, cela n’a aucun intérêt .

En résumé, si le sujet vous intéresse: lisez ce supplément du monde diplomatique. Merci .

Le monde diplomatique – Manière de voir n°189, juin – juillet 2023

Pétrole, gaz, charbon, uranium : ces mots composent le langage de la puissance. Les pays qui l’avaient trop vite oublié le redécouvrent à l’occasion de la guerre d’Ukraine. Et le vocabulaire s’enrichit : solaire, éolien, hydrogène… Que valent ces solutions avancées par les industriels pour ripoliner en vert le système économique ? Une véritable transition énergétique implique-t-elle une transformation sociale ? Les idées ne manquent pas pour réconcilier préoccupations pour la fin du monde et pour les fins de mois.

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