Lectures…


Culture, litterature / vendredi, juillet 7th, 2023

Les livres vous arrivent parfois comme des cadeaux.

J’avais fini la lecture du troisième tome de la trilogie de l’écrivain islandais  Jón Kalman Stefánsson , « le coeur des hommes »*. Une lenteur, une langueur, les paysages du bout du monde des pays nordiques, du grand froid, une oscillation permanente entre vie et mort, poésie et réalité, amour, amitié, jalousie,  avec en filigrane le livre, la lecture, le mot comme refuge, comme lien. Tu rentres dans ce roman épique comme dans une bulle et tu as bien du mal à en sortir. Alors je me suis dit, je vais m’attaquer à l’un des objectifs de cette navigation, combler un vide, une ignorance par la lecture de l’Evangile selon Saint Jean. Qui m’avait conseillé celui-là plus qu’un autre, aucun souvenir. Toujours est-il que je l’avais chargé sur ma liseuse, et que je me suis dit l’heure est venue. Et bien, cela s’avéra impossible . Bien qu’acheté en ligne  le réglage de la taille de police s’avéra impossible, et les caractères restèrent minuscules, illisibles. Volonté divine de me laisser dans l’ignorance, je n’aurais pas de réponse. La perte récente du curé Valéry à Calvi, l’abbé plutôt je crois, n’était peut être pas pour rien dans cette tentative de lecture.  Non seulement ignorant des enseignements chrétiens, mais profondément athée, j’ai peu nourri de lien avec les gens d’église. Sauf  avec le père Valéry.  En Corse, et particulièrement en Balagne, les salles de spectacle faisant défaut nous sommes nombreux à nous tourner vers les églises ou les confréries pour y organiser des concerts. Cela nécessite évidemment l’accord du curé ce qui avec le père Valéry était chose aisée. Récemment deux événements me rapprochèrent de lui. Un concert d’une chanteuse malgache le jour des rameaux. D’autres auraient peut être dit que ce n’était pas possible, que la date était mal choisie, lui déplaça l’heure de sa messe pour nous laisser le temps de nous  installer et dit : « nous faisons cela pour nous rencontrer non ?   » . La seconde fois pour un concert de chant occitan le jour des morts à la Toussaint que certains paroissiens voulaient nous empêcher de faire. Pareil: » nous sommes là pour nous entraider non?“. J’allais le voir plus tard pour discuter de tout cela. Deux heures. Il était prévu de se revoir.

Il n’en fallait pas plus pour que me revienne quelques paroles du poème d’Aragon, “ La rose et le réséda » (1943)

Celui qui croyait au ciel

Celui qui n’y croyait pas

Quand les blés sont sous la grêle

Fou qui fait le délicat

Fou qui songe à ses querelles

Au coeur du commun combat

Et que j’avoue que pour la première fois de ma vie la perte d’un homme d’église me toucha.

Et puis j’ai jeté un oeil sur la mini bibliothèque embarquée à bord. Et je tombais sur « La folle allure » de Christian Bobin. En 24H il était lu. Fluide comme de l’eau. Poétique comme un arbre. Limpide comme les nuages. Comment un livre peut-il comme cela vous apporter autant de « réponses » ( ce n’est pas le bon mot), disons des bouts de puzzle manquants, des pistes, des pansements, à des questions, des vides, des doutes , des blessures ?   Je n’en dis pas plus. Lisez le si ça vous dit, celui là ou un autre de Bobin. L’effet ne sera pas le même évidemment, tout est affaire de personne et de moment. Pour moi c’était le bon.

* il faut saluer le formidable travail du traducteur Éric Boury

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *