CONFORMISME


Société / lundi, mars 7th, 2022

Conformisme et entre soi 

« Le monde change de peau ,sera -t-il laid ou bien beau ? «  

Alain Souchon 

Tout événement, soubresaut, vicissitude, aléas, sont porteurs d’enseignements, d’interrogations, de doutes. Ainsi les crises récentes une sanitaire, l’autre militaire en cours amènent à des réflexions. 

Pour la première il se trouve que c’est le professeur Raoult qui me l’a inspiré . Oui , oui ce fameux docteur, grand spécialiste mondial des épidémies avec un CV long comme un bras, reconnu par la communauté scientifique jusqu’à mars 2020 où il ne voulut pas dire comme tout le monde et devint un crétin, un cancre, un illuminé, un complotiste, en gros un paria . Peu importait que l’écrit principal le dénigrant fut un fake paru dans le « Lancet », revue prestigieuse, prise ici en flagrant délit de faux, reconnue a posteriori par elle. Et puis ce type avec sa barbe blanche, ses gestes pour la lisser, son attitude, une certaine arrogance, ses cheveux longs, le bouc émissaire parfait ! Drôlement, je n’essaye en rien ici de dire que je défends le bonhomme, ses propos, la vérité ou fausseté  de ses analyses. Je parle juste du phénomène de construction et démolissage en règle  d’une compétence. 

Peu importe là n’était pas mon propos. Il est que ce bonhomme à un moment a parlé de conformisme. Intéressant. Qu’est ce donc? 

Définition: l’attitude passive consistant à se soumettre aux idées communément admises, aux usages, aux comportements, aux règles morales, à la façon de parler du plus grand nombre, du milieu ou du groupe auquel on appartient.

Je trouve que c’est une forme de conformisme qui s’est mise en action durant cette crise covidienne, l’importance d’adhérer à des idées, des comportements , des actions, à partir du moment où elles étaient adoptés par un grand nombre. Un côté rassurant ,  « je fais partie de cette communauté, de pensée », accentuée par la répression, la punition, l’amende qui vous désignait comme délinquant, hors jeu, non solidaire, non citoyen. J’ai grâce à cela , (re)découvert finalement un mot et une attitude qui est la mienne depuis longtemps; l’anticonformisme. Ce n’est pas politique en soi, ce n’est pas un courant mais plutôt une attitude. A partir du moment où une grande masse de personnes semble adopter une attitude semblable je m’en détache immédiatement , je m’en méfie, je la mets en doute. Ou plutôt et surtout , je vérifie et cherche si elle n’est pas l’objet d’une  manipulation, d’une récupération, d’un marché, qu’il soit de dupes ou non. Peut être est-ce un peu parano? Excessif ?   Sans doute. Je ne sais pas. Mais il y a un côté « hurler avec les loups « , et rentrer dans le rang qui me déplait profondément. Des souvenirs de lynchage, d’inquisition, de collaboration, enfin des visons d’époque ou d’événements ou ce conformisme pouvait tuer. 

Dans la crise « ukrainienne », si on l’appelle comme ça alors qu’elle est sans doute bien plus large, on assiste à un embrassement anti Poutine. Légitime.  Logique. Normal. Il y a un agresseur, et des centaines de victimes civiles, des centaines de milliers de réfugiés, etc. Et un dictateur qui a lancé une offensive meurtrière qui risque d’embraser toute l’Europe voire le monde. Maintenant a t on le droit de rajouter  quelque chose sans se faire traiter de salaud, traitre, pro-russe , etc? C’est difficile. Cela ne va pas dans le sens admis. C’est comme lorsque certaines voix dont la mienne attirait l’attention sur le fait que l’hôpital était sursaturé 20 ans avant le covid, cela paraissait déplacé et incongru. C’était une manière de joindre une analyse politique à une réaction purement émotive. Dans le cas de la guerre, il s’agit en l’occurence de rappeler que nous sommes devant la énième manifestation de la lutte que se livre depuis des décennies les trois grands impérialismes.  Une guerre , le plus souvent économique mais pas que, et dont nous faisons les frais . que soutenir l’Ukraine n’engage en rien un soutien à la politique de domination américaine qui sur la planète a fait et fait tant de dégâts. Que ce n’est en rien un soutien quelconque à l’implantation de bases de l’OTAN en Europe, à considérer plutôt comme des provocations guerrières plutôt que des protections Que cela ne doit en rien nous faire oublier la politique de domination de la Chine qui se frotte les mains de ces règlements de compte. Non , ne pas oublier ni occulter que ce qui est en jeu, comme pour la crise sanitaire et la démolition d’un service public de santé sur les 20 dernières années, la privatisation de la santé, la vente d’une politique sanitaire aux intérêts d’industries pharmaceutiques, ce qui est en perspective ici, est bien l’état de l’Europe, son incapacité à créer un projet, à le défendre, créer une force dans ce bal des puissants. Et cela repose sur cette fameuse dépendance, énergétique, céréalière, industrielle, soit à la Chine , soit à l’Amérique soit à la Russie, fruit de plusieurs décennies de démantèlement de production locale, de délocalisation, de cession de savoir faire, et de priorité aux profits immédiats. On peut réagir, être solidaire et garder un minimum de capacité d’analyse. 

Deuxième élément commun: la peur. La peur du virus, la peur d’être malade, la peur de mourir, la peur de l’amende, la peur du vaccin, la peur de Big Pharma, de Bill Gates, de l’OMS, la peur de Poutine, de l’arme nucléaire, de la baisse du pouvoir d’achat, de l’alerte des marchés, de l’effondrement, etc , etc. La peur règne en maitre, sur l’actualité, sur ces chaînes soi disant «  d’info en continu » , sur les décisions politiques, sur les intentions de vote, et sur nos vies. A quand ça remonte? A la nuit des temps sans doute. La peur doit certainement être un sentiment profond de l’être humain, depuis les cavernes, voire bien avant, dés son apparition. Elle aussi est logique, légitime, mais doit on la laisser se substituer à la réflexion, nous dicter nos manières de vivre, démolir tout projet de vivre ensemble bâti lentement depuis des siècles ? Je ne le pense pas. Et revendique à tort et à travers, « je n’ai pas peur »’, la vie est un risque permanent, acceptons de le vivre. Ce n’est pas une invitation à faire n’importe quoi,  non juste un invitation à sortir de ce pli à la fois sécuritaire, mais aussi totalitaire et dictatorial. 

Dernière réflexion, qui concerne l’entre soi. Rien n’a été révélé ou inventé lors de ces derniers événements qui modifient le monde. Juste accentué, mis en profondeur, en évidence. Le monde du numérique, de l’algorithme , de la surveillance, du data, des Gafa, du distanciel, des écrans, de la Visio conférence, des jeux videos, etc, a célébré l’individu, au détriment du collectif, le « je » au détriment du « nous », la consommation à la place du partage, l’égocentrisme en place de la solidarité . OK. Mais en plus il a accentué l’entre soi, la fin de tout dialogue, l’absence de débat : sur internet ou en société on se réunit , par petits groupes, communautés, « amis », entre personnes de même opinion, de même conviction. C’est une double peine, que celle d’un enfermement individuel doublé d’une restriction du partage des idées, de l’absence de ponts entre opinions différentes , avec en toile de fond l’idée ancienne d’un projet de société commune, où il n’y aurait nulle communauté mais des citoyens validant un socle commun de valeurs et  d’objectifs. On en est loin. 

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