Dernière lecture et petit conseil: « Impossible » le dernier livre d’Erri De Luca.

Certes il remplace mon univers de prédilection qu’est la mer par la montagne, mais je reste profondément touché, ému. Quelle écriture ! Quel talent pour toucher le fond l’être. Quelle capacité à écrire la montagne, la solitude, le combat. Je vous livre quelques phrases du livre, sans rien dévoiler j’espère du fond:

• Aujourd’hui, vous vous sentez comme un homme isolé dans cette époque et dans cette société.
• Vous allez en montagne pour approfondir le vide et la distance. Aujourd’hui vous êtes une sorte d’ ascète laïc, vous vous retirez dans un espace désert pour ne pas partager le présent.        
• Parce que j’aime cette langue italienne, ces précisions qui protège de  la falsification. La langue est un système d’échange comme la monnaie. La loi punit ceux qui impriment de faux billets, mais laisse courir ceux qui écoulent des mots erronés Moi je protège la langue que j’utilise.                         
• Vous ne la (la montagne))connaissez pas.  Vous ne connaissez même pas le lieu où vous enfermez vos suspects. De mon point de vue, vous ne savez rien. Mais vous avez le pouvoir de décider même sans connaître. C’est le parfait objectif du pouvoir, arriver au plus haut degré d’incompétence et décider de tout. Je vois la société comme une construction faite de matériaux de plus en plus mauvais au fur et à mesure qu’elle progresse vers le haut.

et une très belle phrase de Léonardo Sciascia qu’il cite : « Il écrit que la vérité est au fond du puits. Si on se penche, on voit le reflet du soleil ou de la lune. Mais si on descend dans le puits, on ne trouve ni l’un ni l’autre. On trouve la vérité. C’est ainsi, il faut descendre ou tomber dedans. le magistrat par exemple m’interroge de l’autre côté de la margelle. Il ne descend pas, il se penche tout au plus. »