Se balader Se balader, allez voir des amis, rencontrer d’autres gens, discuter, se frotter à d’autres manières de voir, de vivre, c’est d’autant plus fondamental quand on habite sur une île, qu’on est ilien. Nécessaire besoin d’horizons différents. De courants d’air dans le nid, le cocon. Plus l’île est petite plus il devrait obligatoire de faire faire des voyages aux enfants durant leur scolarité. Sur le continent, classes de ville, en banlieue, à l’étranger. Découvrir, l’autre, son accent, sa bouffe. Utopie, rêve ? . Pas grave.
Je reviens donc d’une virée continentale et je ne vous ferai pas le coup de la projection diapo, le journal Facebook de mes paysages. Non je résumerais en fait par une sorte de synthèse, celle qui sous tend pas mal de réflexions, et de doutes: l’efficacité de nos actions, la fameuse question « que faire , », posée il y a bien longtemps. Et à laquelle chacun apporte sa réponse, la plus répandue à ma connaissance étant : rien.
Dans cet ordre d’idées, une discussion avec un bouquiniste à Foix( Ariège) et dont je vous conseille son journal annuel « Ta Page ! » m’a permis d’évoquer le fameux phénomène « colibri ». Il semble effectivement qu’au conte mis en lumière par Pierre Rabbi, il manque en fait la fin. Le colibri laisse tomber sa goutte d’eau, dit « je fais ce que j peux » et en fait à la fin le conte dit: « et ensuite la forêt brule ». Nous avons convenu qu’il était plutôt malhonnête de tronquer un conte de sa fin. Même si à titre personnel, je reste convaincu que « continuer à faire ce que je peux là ou je suis, » reste une idée minimaliste mais concrète, je reconnais qu’en fait ce type de mouvement accentue sans cesse cette culpabilisation / responsabilisation des citoyens, au détriment de la critique, révolte, combat contre les multinationales, les trafiquants en masse du complexe pétro-plastique, rois de la finance, champions de l’évasion fiscale, etc; Alors que les deux devraient être associés à mon goût.
On en revient donc à ma question initiale, dans la quelle l’acte du petit oiseau ne joue aucun rôle puisque la forêt brule à la fin: ce que nous faisons ici ou là n’abat pas le capitalisme mondial et numérique. Et non.. déception. Et bien en cours de voyage , j’ai finalement pour la première fois compris ce qui nous permettait de le combattre , au moins à l’intérieur de nous memes/. Par une seule notion, en fait , son contraire: le partage. Ce sont nos partages désintéressés, dans la chanson, dans la parole, dans la bouffe , dans la répartition équitable, dans l’instauration d’espaces de dialogue, que finalement nous tissons, collectivement et non individuellement , un contre pouvoir? Ephémère, poétique, utopique ? Ok , ok, ok. Mais putain ce que ça fait du bien de mettre des mots sur une idée qui refait croire à une quelconque efficacité. Un espoir de sortie de secours.
Bravo et merci Laurent pour le partage de ces très belles et fortes photos !
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