Je suis athée, j’espère que ça ne gêne personne ?
En tout cas je n’en ai pas honte , et je ne pense pas devoir m’en cacher.
Certes à une autre époque … et pendant plusieurs siècles où la chrétienté faisait régner la terreur et l’inquisition on m’aurait torturé puis exécuté . Mais ces temps sont passés, ouf. Les raisons qui me poussent à l’athéisme, je me les garde , elles ne regardent personne , sauf éventuellement quelqu’un curieux de discuter de philosophie, de Spinoza, de spiritualité, etc .
Ma famille avait une forte imprégnation de culture catholique du coté de mon père et de culture juive par ma mère. Mais finalement, j’ai choisi l’athéisme. Et cela est normalement accepté dans le monde ou je vis grâce à la laïcité. C’est à dire l’acceptation et la tolérance de la croyance de chacun dans son dieu, ou de la non croyance. Cela parce que ce qui est du domaine de la foi, de la religion, de ce qui relie au divin, est affaire personnelle, intérieure et pas publique. D’ailleurs je n’ai même aucun signe distinctif de cette non croyance, ni sur mon corps, ni à mes doigts, ni sur ma maison, à l’arrière de ma voiture. Et je n’essaye en aucun cas de convaincre qui que ce soit .
Pour moi il est effectivement curieux d’assister à ce retour du « religieux » sur la place publique. Un réflexe de défense lorsqu’on se sent attaqué ? Mais qui fabrique cette peur puis cette envie de défense qui souvent se transforme en haine et en violence.? L’utilisation permanente et le plus souvent à bien mauvais escient des mots « juifs » et « musulmans » dans le conflit au Proche Orient n’indique rien de bon pour un partisan de la paix, sur l’emprise des religions sur les problèmes de société.
J’ai ,c’est vrai , été élevé par cette école de la république laïque qui a eu cette bonne idée en 1905 de séparer l’Eglise et l’Etat. Imaginée avec talent par Victor Hugo en 1850, cette séparation votée grâce à Emile Combes et Aristide Briand en 1905 à l’Assemblée Nationale, a fait migrer vers la France nombre d’assoiffés de justice et d’égalité dont mes grands parents . C’était dissocié le politique du religieux, et faire société sur un projet commun acceptant à égalité toute confession. D’où un certain malaise avec ces différentes polémiques, sur les signes religieux, les croix que l’on installe avec des fonds communaux sur des terrains communaux, mais surtout les discours de haine qui s’en suivent . Un ecclésiastique ne disait il pas lui même: « la croix tu la sers, tu n’en sers pas . ». Il ne s’agit plus de raison, ou de foi. Il s’agit d’instrumentaliser pour mieux diviser, attiser la haine et le rejet de l’autre,
Moche.
Lorsque je défends les droits de palestiniens, de Soudanais, d’Haïtiens, je m’entends dire : ah tu préfères les arabes, les noirs, les étrangers? Jamais tu ne défends les gens d’ici ? Et bien en fait je dis que je ne préfère rien, je vois les gens comme égaux, et me tourne vers ceux qui souffrent le plus . Et je me demande souvent ce que ces gens qui m’invectivent font pour les nécessiteux d’ici ? J’en connais beaucoup qui font un super boulot localement, ils ne m’insultent pas, ils me respectent plutôt. . Respecter, l’autre , la différence, il me semble pourtant que c’est au coeur de quasiment toutes les religions. Ceux qui les pratiquent l’oublieraient ils ?
Pour ce qui est de l’histoire, de la culture, du passé, de ce qui nous a bâti, construit, ou parfois démoli, c’est à la fois dans nos coeurs, nos cerveaux, et nos musées. Aucune utilité à en faire de la matière à violence. Chaque chose à sa place, pour essayer de construire une vie en commun, malgré nos différences. Mais oui le monde bouge, change, ce qui fut ne sera plus, c’est comme ça . Ce n’est pas une fatalité mais une naturelle avancée vers demain, ailleurs. Et la question est comment bâtir avec tout le monde pour tout le monde.
La réponse reste en suspens.
Laurent Billard
